Date de publication :
Octobre 2011
Mots-clés:
biosourcé, bioproduit, biomasse, végétal, revêtement, coating, peinture, solvant, résine, pigment, colorant, vernis
A l’occasion du salon Eurocoat 2011, le Pôle de compétitivité Industries & Agro-Ressources (IAR) a pu illustrer les avancées de la chimie du végétal et des produits biosourcés à destination du coating via une fiche spécialement dédiée à l’évènement.
Les industriels de la peinture doivent faire face aux nouvelles règlementations européennes (par ex. réduction des COV, composés organiques volatils) et répondre aux attentes des consommateurs pour des peintures plus saines pour la santé et l’environnement, sans sacrifier la qualité des peintures. Ils misent désormais sur les « ingrédients » végétaux.
C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures peintures!
Les produits récemment proposés sur le marché des peintures décoratives naturelles font appel à des formulations anciennes utilisant des huiles végétales, des dérivés de cellulose, des protéines de lait (caséines), de la cire d’abeille…
A l’image de ce que propose la société française DERIVERY, sous la marque Natura, une « peinture écologique 100 % naturelle pour bâtiment » (huile de lin, ricin, tournesol, caséine, cellulose, eau, silice et talc…) exempte de solvants et de produits pétroliers. D’autres industriels de la peinture lui emboitent le pas : peinture à la résine naturelle Aglaia, peinture à base de soja Biorox de Prodirox, Kasein Tempera, Mauler, LINEOS, LIVOS, …
Une palette de nouvelles matières biosourcées
Traditionnellement, les huiles végétales sont utilisées en tant que co-liants pour l’apport de propriétés (pénétration, augmentation de l’extrait sec et du glissant à l’application). De nouvelles formules de peintures plus techniques apparaissent ainsi où les liants, pigments et additifs sont progressivement remplacés par des constituants biosourcés.
Développer des peintures avec des liants végétaux qui égalent les performances des résines de synthèse pétrolières (temps de séchage, conservation, adhérence, longévité, faible odeur, tenue de la couleur, sans jaunissement…) constitue un véritable défi.
En juin 2009, CCP a reçu le prix du président des Etats Unis pour le Chempol MPS, une résine 100 % végétale « Sefose » à base de sucre et de dérivés d’huile de soja, qui limite les émissions de COV sans sacrifier la viscosité des peintures.
Regain pour les résines d’alkydes en émulsion
On note depuis 5 ans un regain pour les résines alkydes. Des usines françaises qui avaient programmé la fermeture de leur atelier « résine alkyde » tournent désormais à plein régime. De nouvelles formulations de résines alkydes en émulsions composées de glycérol, d’huile végétale et d’acide organique végétal (en remplacement des phtaliques) apparaissent sur le marché.
La société NOVANCE, groupe SOFIPROTEOL, offre ainsi dans sa palette de matières premières issues d’huiles végétales, des résines alkydes sur base solvants (standards ou modifiées) et des émulsions aqueuses de résines alkydes partiellement ou intégralement biosourcées (en développement), sous la marque NOVEMUL.
Peinture polyuréthanes : des polyols « verts » au NIPU…
Dans la catégorie des peintures à l’huile, la peinture polyuréthane est souvent employée pour les sols. Résistante, elle trouve sa place en intérieur sur les sols béton ou carrelage mais aussi sur tous types de support même extérieur. Les polyols issus d’huiles végétales transformées peuvent désormais substituer les polyols d’origine pétrochimique dans la fabrication des résines polyuréthanes 100 % végétales utilisées dans les revêtements. La société Novance a ainsi développé une nouvelle gamme de polyols verts utilisable pour la formulation des peintures PU.
Le projet TECHFLAX, labellisé par le pôle IAR : « Valorisation non alimentaire des coproduits issus du fractionnement de la graine de lin » porté par la société Belge Vandeputte Oléochemical, s’intéresse également à développer des polyols pour des applications peintures et adhésifs.
La prochaine étape consiste à substituer les isocyanates. Des chercheurs de l’Université de Rennes (Unité Sciences chimiques) ont mis au point des PUs renouvelables issus d’un sous-produit de la fabrication du biodiesel, le glycérol. La procédure n’implique pas l’utilisation d’isocyanate. Les nouveaux polymères sont donc des polyuréthanes exempts d’isocyanate, des NIPUs. Les peintures PU sans isocyanate arriveront bientôt sur le marché.
De nouveaux pigments « végétaux »
L’offre des pigments végétaux s’élargit encore. Les couleurs pastelles d’origine végétale sont cependant plus faciles à obtenir que les couleurs vives.
Les travaux réalisés par les « Waidiers » ont permis de mettre au point des pigments de plante et notamment du bleu indigo végétal. En Picardie, l’Atelier des couleurs a misé depuis des années sur le bleu de Waide et développé un « jardin teinturier » exploité dans le domaine des peintures.
La société Couleurs de Plantes propose aussi des matières colorantes provenant de plus de 20 espèces végétales différentes. Leurs « pigments poudre » ou « pâtes pigmentaires » s’incorporent à la plupart des liants et peintures décoratives commerciales en phase aqueuse
sur bases blanches ou transparentes (lasures, glacis) pour l’obtention des plus beaux effets sur support mural ou bois.
Les industriels formulateurs attendent surtout « d’autres sources de blanc » !
Solvants et plastifiants biosourcés
Les industriels travaillent sur le remplacement des solvants pétrochimiques par des solvants végétaux. La société Onip s’est attachée à substituer les éthers de glycol par un dérivé d’huile de ricin plastifiante et ralentisseur de séchage utilisés dans sa gamme de peintures à l’eau.
La société Roquette propose un plastifiant 100% biosourcé (le Polysorb ID 37), alternative aux plastifiants traditionnels tels que les phtalates. De par ses propriétés (faible viscosité et haut degré de saturation), ce produit peut être utilisé pour la formulation d’encres ou de peintures industrielles.
Des nouveaux produits nettoyants/décapants
Si le technicien est avant tout soucieux de développer des peintures de qualité, le problème se pose pour décaper les pinceaux et enlever les vieilles peintures et graffitis. Dans ce domaine, l’innovation est de mise. La société EnviroPlus, située à Dormans dans la Marne, accompagnée stratégiquement par le pôle IAR dans le cadre de l’action d’émergence de projet « Mettez des agroressources dans votre entreprise », a mis au point avec la société ARD une solution de nettoyage mobile pour les peintres utilisant des produits écologiques.
Affichage environnemental
Le respect de l’environnement est devenu un critère d’achat important pour les peintures. Les industriels se préparent pour l’affichage environnemental des produits de grande consommation et font appel à des cabinets de consultants pour réaliser des analyses de cycle de vie (ACV) de leurs peintures.
Lancé récemment, le label PURE «Peinture et Revêtement écologique», contrôlé par Ecocert, garantit entre autres critères 97 % d’ingrédients naturels, moins de 3 g/l de COV, aucune substance nocive et toxique et des performances au moins équivalentes à celles requises par l’Ecolabel.
Certains industriels affirment leur engagement dans l’environnement. Au sein de sa large gamme, la société Ripolin différencie ses peintures plus respecteuses de l’environnement en leur apposant sur leurs emballages les logos « Respecte l’environnement» « Sans odeur» ou « Sans
solvant».
La fiche est entièrement consultable sous format PDF.
Un autre dossier très intéressant réalisé par le magazine Formule Verte sur les peintures est consultable sur l’Agrobiobase (Peintures - Le biosourcé s’invite dans les formules).
Rédigé par Jacky VANDEPUTTE & Jean BAUSSET, Pôle IAR
Fichier attaché | Type | Taille |
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Fiche Eurocoat 2011 | 9.32 Mo |